Prenez un morceau de Don Covay, retirez le groove et gardez la voix. Saisissez une bande de petits blancs, fan de soul sudiste américaine et collez-y la voix de Covay. Faites-les mariner dans le rock et le blues puis, sortez-les avant qu'ils ne soient confis dans leur succès. Laissez refroidir le tout pendant 40 ans. Oubliez la voix: Vous voici avec le nouvel album des Stange Boys.
Au départ, je reconnais que j'ai eu un doute. J'avais entendu parler ici et là de The Radio Dept, des suédois du label Labrador, de quoi être à la fois tenté et méfiant. Les premiers morceaux, issus des deux premiers albums se révélaient pas mal, sans plus, de la mélodie, des guitares saturées, un son crado. Et puis, il y a eu "Clinging to a Scheme". Pour moi, c'est déjà l'un des albums de 2010 (avec dans le désordre le Beach House et le Surfer Blood). Comme si les Pet Shop Boys s'étaient mis au Shoegazing (David), comme de la dance pour dépressif, une version revisitée et crade de "Behaviour". "Clinging to a Scheme" est un album superbe. Écoutez l'incroyable "A token of gratitude" et vous n'en douterez plus.
"A certain smile, a certain sadness" de Rocketship est sorti en 1996, ce qui n'est franchement pas de bol pour eux. Quinze ans plus tard, leur pop sixties passée au filtre shoegaze aurait certainement fait des ravages et les aurait placés tranquillement dans les charts aux côté de The Pain of Being Pure at Heart ou dans les colonnes de Pitchfork aux côtés de Wild Nothing. Au lieu de ça, Rocketship peut à peine prétendre au titre de groupe mi-culte. La musique est parfois injuste...
J'ai très récemment revu ma copie à propos d'un album qui m'avait pourtant laissé froid comme la pierre après les deux écoutes de rigueur. Real Estate est un groupe pitchforkien, composé par quatre types du New Jersey. Leur musique, que j'avais d'abord prise pour un énième ressussage du folk CSNY à la manière des insupportables Fleet Foxes et de tous les groupes qu'ils traînent dans leur sillage, est en réalité quelque chose comme du Surf Rock lo-fi joué dans une salle de bain. Leurs chansons s'étirent tranquillement tout au long de l'album dans une sorte de coolitude parfaite, une vision scout presque satisfaisante, un peu crade, un peu déglinguée. Real Estate est un album bien plus passionnant que ce que j'en pensais au départ.
Bientôt, je vous parlerez de The Radio Dept, qui est mon autre gros raté du mois.
Entre 13 et 14 ans, j'ai écouté "Rock Music" des millions de fois et j'ai longtemps pensé qu'il hurlait "Jean-Maaarc" durant toute la chanson. Je savais que c'était grotesque mais je ne pouvais pas m'empêcher de fredonner ce stupide prénom en écoutant ce morceau. Aujourd'hui, je ne connais toujours pas les paroles exactes et à vrai dire, je m'en cogne.
D'abord, j'avais complètement oublié de vous parler de Be My Weapon, le nouveau projet ( qui date déjà d'un an, en réalité) de David Freel, chanteur et tête mi-pensante de Swell. J'avoue avoir envers Freel une bienveillance parfois coupable (certains l'ont envers Eels, d'autre même envers Weezer...). Je suis tellement fasciné par les grands albums de Swell (les albums avec Kirkpatrick, en somme) que j'espère toujours qu'il va nous ressortir des grands morceaux. Et je suis toujours déçu, bien entendu. Toutefois, je l'ai été moins que d'habitude, cette fois, car il y a sur Be My Weapon, des moments sublimes. Comme ce "Bad bad bad", par exemple:
Je voulais aussi vous toucher un mot de Surfer Blood, un tout nouveau groupe de gamins qui rappellent furieusement les premiers Weezer et les bons moments de Built To Spill. C'est frais, efficace, ça fait plaisir aux oreilles:
Il y a quelques années, Conor Oberst (encore sous le nom de Bright Eyes) sortait "I'm Wide Awake, It's Morning" un disque magnifique de country folk qui se payait le luxe d'un sublime duo avec Emmylou Harris. Je me souviens qu'à l'époque, l'album avait beaucoup tourné sur la platine et que je m'étais souvent fait la réflexion qu'au fond, le folk américain, c'était peut-être juste ce disque. Je me trompais certainement mais il y a quelques semaines, je suis tombé sur "Catacombs", le dernier album de Cass McCombs et cette réflexion m'est revenu en plein visage. Si, comme moi, vous avez toujours été déçu par Oberst (ce côté surdoué qui n'en branle pas une), écoutez bien ce "Catacombs", il se pourrait bien que comme moi, vous trouviez ce disque tout simplement parfait.
J'aime bien les groupes qui en citent d'autres dans leurs chansons. Si vous avez des exemples qui vous passent par la tête, je suis preneur. Low, assez coutumier du fait, (Marvin Gaye dans "In the Drugs") enterre symboliquement la hache de guerre entre Beatles et Stones, avec quarante ans de retard.
Sinon, le nouvel épisode du Morceau Caché, plein de bonnes choses, se trouvent ici.
C'était une longue absence pleine de projets qui se mettent en place. Dans la sacoche, il y a ceci, avec l'affreux Terreur Graphique. Ça n'a pas encore de nom définitif, on réfléchit. Clic sur l'image
Ce petit blog existe pour faire partager la musique que j'aime. Si toutefois, les ayants-droits des morceaux en écoute ont l'impression que je transgresse la propritété intellectuelle, qu'ils le signalent et j'oterai immédiatement l'objet de la grogne. En vous remerciant.