mardi 26 août 2008

lundi 18 août 2008

Diabologum - #3


Alors que j'attends avec impatience un nouvel album de Dominique A.

Alors que j'ai cessé d'écouter Murat depuis le gargantuesque et magnifique "Muragostang".

Alors que Bashung devient chaque jour un peu plus un mythe intouchable.

Alors que je découvre passionnément Programme et Arnaud Michniak.

Alors que je ne suis qu'à moitié convaincu par Expérience.

C'est là que je tombe sur le troisième album de Diabologum: #3 (Ce n'est pas perdu pour tout le monde...), album charnière tant pour le rock français que pour le groupe lui-même. Douze ans se sont écoulées depuis la sortie de ce disque qui en inspira plus d'un. Souvent décrit comme un OVNI, #3 n'est pas un album facile. Plus complexe que le rock carré de Michel Cloup avec Expérience, moins âpre que les méandres expérimentaux d'Arnaud Michniak avec Programme, ce troisième disque de Diabologum semble en réalité constituer le trait d'union entre ces deux personnalités. On y retrouve les guitares saturées et les textes ancrés dans un quotidien étrange chers à Cloup mais aussi les paroles scandées et les musiques chargées qu'exploitera plus tard Michniak. #3 est un très grand album, le grand album de rock français qui aurait pu mettre tout le monde d'accord à une époque où l'on passait beaucoup de temps à se regarder en chien de faïence. Diabologum n'eut jamais la reconnaissance publique qu'il méritait. Le groupe aujourd'hui séparé, il reste aux fans fidèles, tenaces, ce disque magnifique. Ce n'est pas perdu pour tout le monde...



Discover Diabologum!

lundi 11 août 2008

Interview#2: Angil


Vous pensiez bien que je n'allais pas lâcher l'affaire si facilement. Je ne vous avais parlé que très brièvement de l'excellentissime Angil. Or, pour les chanceux inscrits sur sa Hiddenlist, il sort ces jours-ci Angil Was a Cat, nouveau projet né de sa rencontre avec le groupe King Kong Was a Cat. C'était l'occasion rêvée pour lui poser quelques questions et remettre sur pied mon petit lobby...

Solo Tape:
Ta musique donne l'impression d'être très réfléchie sans être trop cérébrale pour autant. Est-ce que la part de réflexion est importante quand tu composes ou y a-t-il de la place pour l'instinctif ?

Angil: La réflexion est le terreau, oui... La graine c'est une idée mélodique, ou la première phrase du texte. Une fois ces éléments concrets plantés, il se passe une période abstraite, ou je construis le reste du morceau en l'imaginant. Ensuite je soumets la jeune pousse aux Hiddentracks, qui terminent la composition...
Nous répétons un peu avant chaque concert, mais j'aime bien laisser passer du temps et des discussions entre deux sessions de travail : c'est aussi important que le jeu physique. L'instinct compte pendant le jeu mais seulement si l'imagination a bien fait son travail en amont...

Solo Tape: Depuis l'album "The John Venture" enregistré avec B R OA DWAY, il y a aussi maintenant un concept, une idée générale qui se dégage de tes albums a priori...

Angil: En fait j'ai toujours eu recours à la contrainte comme matière première : j'avais voulu enregistrer une démo par saison (je n'avais fait que l'été, d'ailleurs !) ; sur une autre je n'ai composé que des valses, etc. Même quand la restriction n'est pas respectée jusqu'au bout, je me fixe des limites pour l'inspiration, parce que c'est plus simple de se lancer quand on sait précisément de quoi on dispose. Beaucoup d'albums que j'aime ont une idée directrice forte : 41 de Swell, In a Silent Way de Miles Davis... Ce ne sont pas nécessairement des albums-concept, dont certains peuvent tomber dans une forme de théâtralité qui ne vieillit pas forcément bien, mais ce sont des disques avec une unité, un liant. Même une idée toute simple, quelques notes d'intention griffonnés sur une feuille peuvent suffire. A priori, la direction du prochain Angil devrait être une série de duos avec des voix féminines...

Solo Tape: Tu cites souvent Swell, Pavement ou Kim Deal en interview. Avec "Oulipo Saliva" ou tes autres projets parallèles, on a pourtant le sentiment qu'au fil du temps, tu t'éloignes de ces références pour te rapprocher du hip hop et du jazz.

Angil: Ce sont mes racines... Ce qui est marrant, c'est qu'au fil du temps je me rends compte que Swell, c'est du jazz (le jeu de Sean Kirpatrick, l'approche du son). Pavement, c'est du rap (les gimmicks vocaux de Malkmus). Et le génie de Kim Deal, c'est d'être à la fois les Beatles (pour l'écriture) et John Cage (pour l'amour du hasard). Ce qui rapproche beaucoup de choses parmi ce que j'aime, c'est le goût du danger et la déconstruction des codes pop.

Solo Tape:
Peux-tu nous dire quelques mots du fabuleux morceau "The Shame of Jazz to Cope" enregistré pour le projet Angil Was a Cat?

Angil: Merci ! J'ai écrit le texte selon le rythme du morceau de base de King Kong was a Cat. Ce qui s'imposait sur celui-ci, c'était le contretemps. La première phrase qui m'est venue est "White man was given around seven ultimata under oaths", à prononcer en monosyllabes (et en contretemps, donc). Une allusion aux péchés capitaux. Le reste du texte en a découlé logiquement : la culpabilité blanche, le manque de reconnaissance de certains jazzmen noirs de leur vivant. Et l'envie de 'name-dropper' dans un texte le vrai nom de Sun Ra, qui sonne vachement bien : Hermann Sonny Blount.

Solo Tape: Et cette contre pétrie en forme d'hommage pour Ornette Coleman! Tu dois avoir une solide connaissance de la langue anglaise pour arriver à faire une chose pareille!

Angil: C'est une réflexion quotidienne, la langue anglaise ! Je suis traducteur et j'enseigne la traductologie et la terminologie, alors je suis sans cesse dans un processus de recherche et de découvertes de ce genre... Je cours après les nouveaux mots, la précision de la prononciation... Quand je fais une trouvaille dans le genre de celle-ci, c'est bien sûr un petit plaisir, même si je sens que je n'en sais jamais assez.

Solo Tape: Tu enregistres en ce moment "Jerri" avec le groupe Deschannel. Dans "What Extra Mile?" (The John Venture), tu parles déjà de ce personnage.

Angil: Oui, le nom est une allusion à ce morceau (et ça peut évoquer Gus van Sant, ce qui ne gâche rien !). Jerri est une sorte de suite du John Venture, notamment dans les paroles, bien que le fait de trouver un nouveau nom nous ait 'émancipés', ait décomplexé le fait que nous soyons un groupe à part entière.
On est effectivement en plein enregistrement cette semaine, et nous sommes très enthousiastes. Il nous tarde déjà de jouer nos morceaux en concert...

Solo Tape: "Oulipo Saliva" devrait bientôt être distribué par Chemikal Underground (Arab Strap, Radar Bros, Mogwai, ...). Est-ce qu'on peut enfin s'attendre à te voir venir jouer en Belgique?

Angil: Oui ! Normalement, fin septembre... Je te tiendrai au courant, promis !

Pour terminer, une petite playlist qui regroupe quelques-unes de ses perles:



Discover Angil!

mercredi 6 août 2008

Ween - The Mollusk


Dans la famille des gars complètement tarés, je vous présente les frères Ween. Faux frères pour être exact puisque Gene et Dean Ween se nomment en réalité Aaron Freeman et Mickey Melchiondo. Je dis que ces types sont tarés parce que c'est exactement le sentiment que l'on ressent en écoutant leur musique. Grand bordel inspiré, parfois à la limite de l'audible voire du foutage de gueule en règle, Ween, en une quinzaine d'albums est passé par tous les états, toutes les périodes, tous les styles, toutes les drogues aussi peut-être. Bidouillant, chipotant, hurlant, chuchotant, accelérant ou ralentissant leur voix (comme sur l'immense "Ocean Man"), Freeman et Melchiondo n'oublient pas non plus d'introduire une bonne grosse dose d'humour bas de plafond ("I'm waving my dick in the wind"...). Sorti en 1997, "The Mollusk" n'est peut-être pas leur meilleur album (certains lui préféreront "Pure Guava", moins consensuel) mais il donne une bonne vision de leur talent. Extraits choisis, donc:



Discover Ween!



Discover Ween!